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sentiment de triste découragement. Depuis qu’il avait reçu la lettre de Paul lui offrant de l’argent, il n’avait pas eu d’autres relations avec lui. Au jour de l’an il reçut un petit billet de sa tante Ratelle, contenant un présent de cinquante louis. On ne lui parlait pas de sa femme dans cette missive, et on ne lui exprimait aucun désir de faire sa connaissance. Madame Ratelle avait, malheureusement, reçu d’une bonne autorité une connaissance exacte de son caractère et avait appris de cette manière que l’acquisition qu’avait faite son infortuné neveu en était une pitoyable, sans valeur et sans mérite.

Délima cajola si bien son mari qu’elle obtint bientôt les cinquante louis, et au lieu de les employer, du moins en partie, à payer quelques dettes que le jeune ménage avait contractées, elle s’acheta une garniture neuve de pelleterie et un costume dont l’élégance rivalisait avec les toilettes de mademoiselle de Beauvoir elle-même. Madame Martel ne fut pas oubliée dans cet inégal partage des étrennes de la tante Ratelle : elle eut pour sa part un joli manteau neuf.

Au bout de quelques mois la jeune femme qui, dans le principe, avait été si enchantée de la vie de pension, en fut entièrement dégoûtée. Les pensionnaires étaient si peu complaisants pour elle, la bourgeoise si grossière et désagréable qu’elle n’osait seulement pas lui demander un verre d’eau entre les repas, elle-même était si fatiguée de toujours manger, s’asseoir et de vivre sous la