Page:Leprohon - Armand Durand ou la promesse accomplie, trad Genand, 1869.djvu/237

Cette page a été validée par deux contributeurs.
235

Délima s’était endormie dans un fauteuil, et comme les rayons de la bougie frappaient en plein sa pâle figure sur laquelle on voyait les traces des larmes, son cœur s’attendrit en dépit des constantes provocations qu’il avait reçues d’elle. Elle paraissait si jeune, si fragile, et maintenant elle dépendait entièrement de lui !

Il fit du feu, chercha l’hôtesse pour lui demander si elle aurait la bonté de faire monter une tasse de thé à madame Durand qui était malade, ce à quoi on consentit volontiers ; puis il monta réveiller sa femme. Après qu’on lui eût apporté la tasse de thé, elle la refusa de nouveau et recommença ses pleurs entremêlés d’accès de chagrin sur son triste sort et sa malheureuse condition.

Après avoir essayé infructueusement de la consoler, voyant qu’elle redoublait ses lamentations, il lui dit d’un air grave :

— Puisque tu te trouves si misérable, je ne vois, Délima, qu’un seul parti à prendre : tu vas retourner chez madame Martel, car selon les apparences, il n’y a que là que tu puisses être heureuse. Je donnerai tant que je pourrai pour ton entretien et j’augmenterai la somme aussitôt que j’en serai capable. Il est trop tard ce soir, mais tu pourras partir demain matin.

— Je ne ferai rien de la sorte, interrompit vivement la jeune femme, quoique je pense que tu en serais bien content : tu trouverais peut-être que c’est un bon débarras.