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Non ! je l’aurais rejeté, irritée comme je l’étais de l’injustice du testament de mon frère.

Après une longue et chaude discussion, il fut décidé qu’Armand coutinuerait l’étude de sa profession, et que l’intérêt de ce legs, bien employé, servirait à son entretien.

Madame Ratelle se rendit à la pressante sollicitation de Paul, de continuer de rester et de conduire la maison paternelle jusqu’à ce qu’il y amenât, disait-elle, une femme ; que cet événement arrivât dans une semaine, cela ne l’occupait pas fort.

Ce fut avec un cœur brisé de douleur qu’Armand laissa le lieu de son enfance, dont Paul était actuellement seul maître, certain qu’en toute probabilité il n’en franchirait plus jamais le seuil. Le tourment qu’il éprouvait à la pensée de la cruelle injustice et de la révoltante trahison dont il avait été l’objet, était encore augmenté par le souvenir du dédain avec lequel mademoiselle de Beauvoir l’avait fui et l’avait privé par là de l’occasion de lui donner les explications qu’il avait désiré lui communiquer. Oui, c’était toutes les tristesses ensemble, et il avait hâte de reprendre ses arides études de la loi, espérant qu’il pourrait y ensevelir toutes ses pensées et ses souvenirs.

La vieille madame Martel le reçut avec la plus grande cordialité ; mais même dans le premier épanchement de sympathie sur son malheur et de félicitation sur son retour, il y avait une mystérieuse allusion à une cause