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bonnes opinions de M. Lahaise aussi facilement qu’il avait gagné celles de ses professeurs au collège. Quoiqu’il menât une vie tranquille et régulière, cependant elle n’était pas solitaire et ennuyeuse. Souvent il recevait des invitations de familles occupant un rang distingué dans la société, et malgré sa timidité, la présence de femmes élégantes et accomplies était pour lui pleine d’attraits.

Rarement il allait chez M. de Courval, malgré les pressantes invitations de celui ci. Gertrude était toujours douce et polie pour lui ; mais malgré son inexpérience dans les manières des femmes, il ne pouvait se tromper sur les sentiments hostiles de madame de Beauvoir à son égard, par la froide réception qu’elle lui faisait.

Les quelques fois qu’il rencontra de Montenay, celui-ci ne lui fit pas d’avances, et Armand le copia fidèlement, car un petit salut froid était tout ce qui restait de la chaude amitié qui avait existé entr’eux.

Quant à Belfond, il venait souvent le voir, et quelques fois il se faisait accompagner par un ami aussi gai que lui. Armand ne leur offrait jamais d’autres rafraîchissements que du tabac canadien, — car il faut avouer que tous ces jeunes gens fumaient — et un verre de cidre ou de bière, et quelques fois une assiettée de pommes fameuses ou de beignes, friandises que sa tante Ratelle lui envoyait régulièrement. Belfond, qui était accoutumé à des tables servies avec luxe, trouvait dans ces fêtes improvisées autant de jouissance