Page:Leprohon - Armand Durand ou la promesse accomplie, trad Genand, 1869.djvu/133

Cette page a été validée par deux contributeurs.
131

de succulent ragoût, car les Martel, de même que beaucoup de familles Canadiennes, faisaient usage de viandes trois fois par jour. Elle ne leva pas les yeux sur lui ; Madame Martel était occupée de son côté, et son mari était à tailler du pain : Armand, qui ne se trouvait pas observé, eut donc une occasion favorable d’étudier son visage.

Était-elle réellement aussi belle que Belfond l’avait dit ? Il regarda minutieusement ses traits réguliers, fins et mignons, ses longs cils soyeux, sa figure ovale et delicate, et il reconnut en lui-même avec surprise qu’il avait été aveugle, que réellement elle était aussi belle.

Tout-à-coup elle leva les yeux sur lui et lui offrit du contenu du plat qu’elle servait ; mais voyant ses regards fixés sur elle, elle baissa les siens, et une légère rougeur se répandit sur ses joues. Le souvenir de la seconde découverte de Belfond, que cet embarras servait en quelque sorte à corroborer, lui communiqua un sentiment de vanité naturelle mêlé à l’intérêt que sa beauté faisait naître en lui. Mais lorsque madame Martel lui demanda si les nouvelles qu’il avait reçues de chez lui étaient bonnes, ses pensées se tournèrent vers, le cercle de sa famille et lui firent pendant un instant oublier Délima.

Rien d’extraordinaire ne survint à notre héros durant quelques semaines. Il poursuivit ses études légales avec le même succès que ses études classiques, se gagnant les