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partie de cartes : on demande justement un joueur dans la chambre voisine.

Et elle l’entraîna malgré lui, en se félicitant de les avoir si diplomatiquement séparés.

Armand se trouva bientôt assis à une table de whist, ayant la sœur aînée de Belfond pour partenaire. Celle-ci passa bien volontiers par-dessus ses nombreuses bévues ; elle ne lui reprocha pas une seule fois de ce qu’il coupait ses levées et de ce qu’il ignorait ses demandes. Il lui en était d’autant plus reconnaissant, que la dame aux yeux vifs qui était à sa droite piquait impitoyablement son pauvre partenaire, — homme tranquille, entre les deux âges, — chaque fois qu’il enfreignait le moindrement les plus petites règles du jeu.

On fit de la musique et l’on chanta beaucoup : Gertrude et de Montenay chantèrent splendidement ensemble une couple de duos, et ils restèrent indifférents aux applaudissements ; puis on gâta misérablement une couple de morceaux choisis d’opéra ; on eut une bonne chanson de Belfond qui, lorsqu’on l’invita à chanter, grommela, sotto voce : que c’est donc ennuyeux ! puis on servit un superbe réveillon. On ne fit pas de jeux, par conséquent on ne tira pas de gages, madame de Beauvoir se trouvant trop à la mode pour tolérer quelque chose de ce genre-là. Bref, la soirée fut assez agréable pour chacun : et Armand put avoir une autre entrevue longue ei délicieuse avec mademoi-