Page:Leprohon - Armand Durand ou la promesse accomplie, trad Genand, 1869.djvu/115

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
113

sanglots en un silence plein de froideur, informa ceux qui l’écoutaient tout étonnés, madame de Beauvoir et Victor, que l’engagement était rompu, et que dorénavant elle se considérerait aussi libre que s’il n’avait jamais existé.

En vain de Montenay, qui était réellement attaché à elle, implora son pardon ; en vain madame de Beauvoir, alarmée du danger de perdre un si bon parti, lui fit des remontrances et la gronda : la jeune fille demeura inexorable. Finalement, plus par sympathie pour les larmes de sa mère (madame de Beauvoir en avait toujours à sa disposition) que pour les sollicitations de Victor, elle consentit à une espèce d’engagement conditionnel, par lequel il était stipulé que si aucun d’eux n e changeait d’idées avant la fin de l’année, le mariage aurait lieu ; mais en même temps, il fut convenu que chaque partie resterait libre d’en agir comme elle le trouverait bon.

Après cet arrangement, les choses se passèrent un peu moins orageusement entre nos deux jeunes gens. Il devint moins exigeant, par conséquent elle fut moins irritable. Partout où l’on voyait Gertrude, on était certain de trouver de Montenay ; il la suivait comme son ombre. On regardait généralement, dans le cercle où ils étaient, leur mariage comme une chose certaine, et de Montenay proclamait partout l’affaire comme un fait décidé, pensant que cette démarche serait un moyen très-efficace de tenir à l’écart les autres prétendants.