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De Montenay prit les clefs sans seulement remercier et se retira bourru, tandis que Paul continua son ouvrage plus de mauvaise humeur que jamais.

Belfond s’asseya à côté d’Armand.

— Tu viens, lui dit-il, de servir l’ami Victor comme il faut : il ne méritait rien de mieux. Mais, comment as-tu passé tes vacances ?

Ce fut là le commencement d’une conversation agréable qui se continua jusqu’à l’heure de l’étude, et Armand se sépara de lui avec la conviction que s’il avait perdu un ami il en avait trouvé un autre.

Les progrès de notre héros furent très-rapides, mais ils étaient plus le résultat d’une grande intelligence que le fruit de l’application, car il y avait dans son caractère une veine de rêverie qui remplissait son esprit d’autres pensées que de celles de ses devoirs et de ses leçons. Il conserva plus longtemps qu’il l’aurait avoué à qui ce soit le souvenir de l’amer sentiment d’humiliation qui l’avait presque suffoqué dans le salon de M. de Courval, lorsque de Montenay l’avait si douloureusement méprisé, et son chagrin était augmenté par la pensée que l’amitié qui avait existé entre eux était à jamais rompue. Dans ces moments-là il s’échauffait et s’emportait contre les injustes distinctions du monde, et il se promettait bien de se faire une position aussi haute qu’il pourrait l’atteindre, dût-il pour cela lutter toute sa vie.

Cette louable ambition s’enracina profondément dans son cœur et ne lui donna plus au-