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Il n’y avait plus aucune nécessité pour M. de Courval d’envoyer chercher Paul, car maintenant celui-ci avait toujours quelque message à apporter au Manoir, ou quelque question à faire au seigneur. Il n’y avait pas, non plus, d’obstacles sur sa route, car madame Lubois et son mari étaient retournés à Montréal, laissant à Alonville les enfants et leur gouvernante, à la demande bienveillante que leur en avait faite M. de Courval dont la vieille intendante, respectable matrone qui occupait dans sa maison un emploi supérieur à celui de domestique, était là pour satisfaire les convenances.

Une brûlante après-midi que Paul s’acheminait vers le Manoir, pensant peu au message ostensible dont il était chargé, mais beaucoup à Geneviève Audet, il aperçut celle-ci assise avec ses élèves sous de grands pins, un peu en dehors du chemin qui conduisait directement à la maison ; et il se dirigea vers eux. Ses allures étaient lentes, le vert et soyeux gazon ne rendait aucun écho sous ses pas, de sorte que le petit groupe qui était sous les arbres ne put soupçonner aucunement son approche. Il est probable que, s’il en eût été autrement, la scène dont il fut témoin eût reçu quelque modification en se développant. La gouvernante, pâle et triste, était assise sur un petit tabouret de jardin, tenant entre ses mains un livre à demi-fermé. Son plus jeune élève était à côté d’elle, manifestant, par le rire et les regards, sa haute approbation de la conduite