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me sauve dans la Bibliothèque ; j’ai à parler à M. d’Aulnay, mais je reviens bientôt Jeanne, faites monter de suite ce charmant monsieur.

Quelques instants après, un jeune, homme de vingt-cinq ans à peu près, d’une tournure franche et agréable, entra dans le salon. Il aborda Antoinette avec une familiarité qui annonçait une grande intimité, sinon une profonde amitié, entre elle et lui. Après les premières questions d’usage en pareille circonstance, la jeune fille crut s’apercevoir qu’il y avait une contrainte peu ordinaire dans les manières de son ami. Elle était sur le point de lui demander la cause de cette gêne, quand Louis tira de sa poche une lettre qu’il lui remit ; en lui disant d’une voix quelque peu embarrassée :

— De votre père, Antoinette.

Après cette courte information, le jeune homme se leva et se retira vers la fenêtre.

Antoinette eut bientôt décacheté la missive et en commença la lecture. À mesure qu’elle la parcourait, l’étonnement, la perplexité et l’inquiétude se peignaient tour à tour sur ses traits. Enfin, n’y pouvant tenir, elle s’écria :

— Louis, connaissez-vous le contenu de cette lettre ?

— Je pourrais peut-être le deviner, quoique M. de Mirecourt ne m’en ait pas informé, répondit tranquillement celui-ci.

— Point de faux-fuyants, Louis : vous savez aussi bien que moi que mon père me prévient dans cette