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VII.


Après le départ de madame d’Aulnay, Antoinette se dépouilla en toute hâte de ses habits de sortie et commença la lecture des lettres qu’elle venait de recevoir.

La première, qui était de son père, respirait la bienveillance et l’affection ; elle parlait du vide que son absence créait dans la maison, lui recommandait de s’amuser de tout son cœur, mais terminait en l’avertissant d’exercer la plus active surveillance sur ses affections, de ne les pas accorder à ces élégants étrangers qui fréquentaient la maison de sa cousine, attendu qu’il ne souffrirait jamais qu’aucun d’eux devînt son gendre.

Une vive rougeur se répandit sur le visage de la jeune fille à la lecture de ce dernier passage. Comme pour bannir les pensées importunes qui venaient d’être évoquées, elle mit précipitamment de côté la lettre de son père pour prendre la seconde ; malheureusement, l’épître de madame Gérard prêtait encore plus aux réflexions pénibles auxquelles avait donné lieu celle de M. de Mirecourt. En la parcourant Antoinette sentit sa rougeur prendre l’intensité d’un fiévreux incarnat, et bientôt de grosses larmes qui s’étaient amassées