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il se trouvait et qu’une couple de rayons avait fait orner du titre pompeux de Bibliothèque.

Qu’est-ce que cela pouvait être ? quelle signification donner à ce bruit contenu ?… Tout-à-coup, par la porte entr’ouverte, les yeux du jeune homme tombèrent sur une glace suspendue au mur opposé de la Bibliothèque et dans laquelle se reflétait la figure de Corinne de Lorme. La jeune fille était assise sur un tabouret et semblait plongée dans l’amertume d’un chagrin profond ; ses yeux étaient fixement attachés sur un objet que sa main tenait d’une étreinte serrée et sur lequel elle déposait de temps à autre des baisers. Cet objet ! c’était le portrait d’Arthur que celui-ci avait apporté de France et donné à sa mère.

Le jeune de Mirecourt comprit alors toute la vérité. Cette froideur, cette indifférence dont Corinne avait fait preuve, c’était donc une feinte, un voile de glace avec lequel la jeune fille avait recouvert un amour qui avait grandi avec elle, qui était devenu le sentiment dominant de sa vie, mais un sentiment que la noble fierté et la modestie de l’enfant lui avaient fait concentrer en elle-même. Oui, malgré cet amour ardent qu’elle éprouvait pour lui, elle avait eu assez de courage pour plaider la cause d’une autre, pour lui sourire au moment même où, — elle en était convaincue, — il allait offrir son cœur à une rivale !

De Mirecourt se retira sans faire le moindre bruit ; mais lorsqu’il rejoignit mademoiselle de Niverville, sa