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Mais le temps presse, je dois faire. Avec mes meilleurs remerciements pour toute votre bienveillance passée envers moi — Je n’ose pas envoyer d’autre message à Antoinette.

Tout à vous,
Louis. »

En proie à une excitation que l’on peut facilement concevoir, madame d’Aulnay lut et relut cette triste lettre ; puis, se levant brusquement, elle se précipita dans la chambre de sa cousine.

Antoinette qui s’était jetée sur son lit une heure auparavant, reposait sans mouvement, les yeux fixés sur les faibles rayons de lumière qui pénétraient à l’intérieur par les ouvertures du rideau, et le visage aussi pâle que cette lumière elle-même.

— Antoinette ! — s’écria Lucille en entrant, et d’une voix tremblante — Antoinette ! j’ai une nouvelle terrible à t’annoncer : es-tu assez forte pour l’apprendre ?

Ni l’annonce d’un malheur que contenaient ces paroles mystérieuses, ni l’agitation visible de sa cousine ne produisirent de l’inquiétude ou de l’émotion chez Antoinette : elle était, pour cela, trop malade de corps et d’esprit.

— Mais, quoi ! — continua sa cousine avec une irritation qui provenait probablement de la surexcitation où elle se trouvait, — tu ne me fais aucune question ? tu ne désires pas savoir ce que c’est ? Et pourtant, cette nouvelle te concerne très-particulièrement, ou