Page:Leprohon - Antoinette de Mirecourt ou Mariage secret et chagrins cachés, 1881.djvu/31

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Cette plaisanterie ne m’empêchera pas, ma bonne petite sœur, de réfléchir sérieusement et peut-être d’agir d’après les conseils que tu viens de me donner. La promenade de cette après-midi me fournira sans doute une occasion des plus propices : si je puis seulement me résoudre à m’en prévaloir ! Tu viendras avec nous, n’est-ce pas ?

— Je crains bien de ne pouvoir le faire. J’ai à écrire une lettre, et il vaut mieux que je m’acquitte de cette tâche pendant la journée, afin de pouvoir vous rejoindre au salon pour cette veillée qui est la dernière que nos amis passent avec nous. Pour ce matin, j’ai une somme de travail plus forte que je n’en pourrai accomplir.

Le temps était magnifique, le soleil brillait de tout son éclat, les chemins étaient superbes : quelle bonne fortune pour une promenade en voiture ! Madame de Mirecourt elle-même avait été invitée à faire partie de l’excursion, et, enfoncée sous une robe de peau d’ours dans sa large et commode carriole, elle paraissait aussi gaie, aussi heureuse que Louise elle-même.

Fidèle à sa détermination, Corinne était restée à la maison. Au moment du départ, elle se mit à la fenêtre et agita de la main son mouchoir en signe d’adieu aux gais touristes. Cette attitude, le calme sourire qui se dessinait sur ses traits pâles et délicats, l’éclat que les rayons du soleil répandaient sur sa riche et soyeuse chevelure, tout cela la faisait paraître si jolie,