Page:Leprohon - Antoinette de Mirecourt ou Mariage secret et chagrins cachés, 1881.djvu/308

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

plus désagréable que vous pourriez le désirer l’un et l’autre.

Antoinette frémit, car elle comprenait toute l’étendue de la menace contenue dans les paroles que venait de proférer son mari. Mais la danse commençait, et quel que fût le maintien qu’elle dût prendre, elle devait tâcher de paraître indifférente, à défaut de gaieté ou de plaisir.

— Peste de ce Sternfield ! pensa le docteur Manby qui avait remarqué la rapidité avec laquelle avait disparu la tranquillité d’Antoinette dès que le major l’eût abordée. Son ombre seule semble flétrir cette pauvre fleur.

La danse se termina bientôt, et Antoinette méditait un moyen pour s’enfuir dans sa chambre ; mais Sternfield ne paraissait pas vouloir la laisser s’échapper aussi facilement. L’emmenant dans une petite alcôve, il lui présenta un siège, et, se plaçant devant elle :

— Je veux, dit-il, que tu me donnes des explications, car je ne pense pas que nous nous soyons encore parfaitement entendus. Tu m’as assez joliment bravé tout-à-l’heure par tes dernières coquetteries avec M. Louis Beauchesne.

— Cruel et injuste comme vous l’êtes toujours,Audley, ne croirez-vous donc pas mon affirmation solennelle et sacrée que Louis n’est pour moi rien autre chose qu’un vieil ami que j’estime.

— Fi donc ! cet homme t’aime de tout son cœur, de