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Le docteur Manby était un homme tranquille, d’un âge moyen, ni beau ni accompli, mais simplement respectable ; de sorte qu’Antoinette ne se fâcha pas des questions qu’il lui posa, ni de l’espèce d’inquisition qu’il fit sur ses traits.

Comme il se levait pour partir, retenant un instant dans sa main les doigts délicats de la jeune fille, il lui dit:

— Si j’étais votre médecin, mademoiselle de Mirecourt, je ne vous prescrirais ni de la quinine, ni des toniques, mais plutôt une dose quotidienne dé tranquillité de cœur.

— Mais, est-ce que ce remède se trouve dans les pharmacies ? demanda-t-elle en s’efforçant de rire ; ou bien en avez-vous quelques doses toutes prêtes à me donner ?

— Je crains bien que non : mais à votre âge, ma chère demoiselle, on s’en procure facilement. Le meilleur moyen est de prendre beaucoup d’exercice, de voir des personnes agréables et joyeuses, et d’éviter soigneusement toutes pensées absorbantes et mélancoliques. Je reviendrai la semaine prochaine pour voir si ma prescription a été suivie et pour en constater le résultat.

— Quelle bonne nature, mais quel officieux ! dit madame d’Aulnay en faisant remarquer la très-petite taille du docteur Manby qui traversait la rue quelques instants après.

— C’est un bon cœur et un homme aimable, répliqua Antoinette.