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ensuite, il ne serait pas convenable de me promener seule avec un monsieur, le lendemain de mon arrivée. Cela parviendrait aux oreilles de mon père, et…

— En un mot, Antoinette, tu es la plus prudente et la plus circonspecte de toutes les jeunes femmes. Il n’y a pas de danger que ton cœur et tes sentiments soient en contradiction avec ton jugement ; mais, puisque tu ne veux pas accepter mon offre, ne sois pas offensée si tu me vois, avec quelque jeune demoiselle moins scrupuleuse que toi.

L’arrivée de madame d’Aulnay mit fin à cette conversation qui commençait à prendre une tournure un peu défavorable ; et après une causerie d’une demi-heure, Sternfield partit.

Le lendemain était une de ces magnifiques journées d’octobre qui nous dédommagent presque de la fuite des oiseaux, de la chute des feuilles et qui ont un charme particulier préférable peut-être à celui de l’été lui-même. La voiture de madame d’Aulnay attendait de bonne heure, devant la porte de la maison. En vain Antoinette pria sa cousine de l’excuser si elle ne pouvait sortir avec elle, en vain lui fit-elle part de la demande de Sternfield et du refus qui l’avait accompagnée.

— Pour cette raison même tu devrais sortir avec moi, dit Lucille. Tu dois lui montrer que tu as l’intention de te promener pour exercer une surveillance active sur ses actions. Viens, car je ne souffrirai pas de refus.

Madame d’Aulnay gagna. Antoinette, le cœur triste