Page:Leprohon - Antoinette de Mirecourt ou Mariage secret et chagrins cachés, 1881.djvu/280

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Crois-tu donc que j’aurais pu partir sans un mot d’adieu de ta part ? répondit-il avec douceur et même sur un ton de reproche.

— Je suis venue vous dire bonsoir. Sans doute que vous partez demain, n’est-ce pas ?

Et la voix de la jeune femme disait clairement à quelle inquiétude elle était en proie.

— Oui, puisque tu parais le désirer aussi vivement.

— Oh ! merci, merci ! Vous ne pouvez vous figurer la crainte que j’ai d’une scène entre vous et mon père.

— Ta santé n’est-elle pas meilleure depuis que tu es revenue à la campagne ? demanda-t-il avec une inquiétude réelle cette fois.

— Non ; cependant, je n’éprouve aucune souffrance, que de la faiblesse seulement.

Une crainte soudaine s’éleva dans l’esprit de Sternfield en se rappelant combien Antoinette était maintenant différente de la jeune fille rayonnante de santé qu’il avait rencontrée naguère dans les salons de madame d’Aulnay. Que faire si la mort lui enlevait sa fiancée avant le temps où il se proposait de la réclamer pour sa femme ? Il avait entendu dire que la mère d’Antoinette était morte bien jeune de consomption et que sa fille lui ressemblait beaucoup dans sa délicate beauté, mais il n’avait accordé dans le temps qu’une bien faible attention à cette rumeur qui lui revint en ce moment avec une nouvelle force à l’esprit ; il prit en lui-même la ferme détermination de