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— Et remarquez que c’est plutôt Sa Majesté qui a présenté ses hommages au lieu de les recevoir, et ce avec raison, — s’écria Sternfield qui venait de se joindre au groupe.

— Je suppose que nous allons être écrasées sous les compliments, maintenant que le roi Georges a donné l’exemple, — répliqua froidement madame d’Aulnay en s’éloignant, car elle n’avait plus l’irrésistible major en très grande faveur.

Sternfield qui, jusque-là,s’était passablement amusé, n’eut pas plutôt aperçu Antoinette avec le colonel Evelyn, que sa bonne humeur disparut et qu’il se creusa la tête pour trouver un moyen de les séparer. Étant engagé pour la danse suivante, il ne pouvait pas demander à Antoinette d’être sa danseuse, ce qui aurait été la méthode la plus sûre et la plus expéditive en sorte qu’il fut souverainement vexé de les voir converser ensemble pendant la longue contre-danse qui suivit. Sans écouter l’insinuation que lui fit sa jolie partenaire, qu’elle croyait la promenade infiniment préférable à la danse, aussitôt le quadrille terminé, il la laissa sans cérémonie sur le premier siège venu, et s’avança vers Antoinette.

— Mademoiselle de Mirecourt, puis-je solliciter l’honneur de votre main pour la prochaine danse ? demanda-t-il avec une politesse forcée qu’Evelyn trouva plutôt impertinente que respectueuse.

Il eut fallu voir de quelles vives couleurs se couvrit