Page:Leprohon - Antoinette de Mirecourt ou Mariage secret et chagrins cachés, 1881.djvu/248

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

l’amuser, il eut assez de tact pour éviter tout ce qui aurait pu paraître tendre vers un sujet plus particulier. Et ce fut bien heureux, car madame d’Aulnay, désespérée de n’avoir rien à dire, l’interpella et vint le trouver avec son étourderie ordinaire pour lui demander ce qu’il venait de dire à mademoiselle de Mirecourt.

— Très-volontiers, répondit le colonel. Je répétais à mademoiselle l’observation que fit Sa Majesté George III à madame de Léry lorsque cette dame fut récemment présentée, avec son mari, à la cour d’Angleterre.

— Oh ! la belle Louise de Brouages ! répliqua Lucille avec beaucoup d’intérêt. Eh ! bien, qu’a dit le roi ? que pensa-t-il d’elle ?

— Il dut la trouver très belle, car en la voyant il se mit à dire avec enthousiasme, en faisant allusion à la récente acquisition du Canada, « que si toutes les dames canadiennes lui ressemblaient, il avait raison d’être fier de sa belle conquête. »[1]

— Alors la mission de M. de Léry et de ses compagnons doit avoir plus de chances de succès, remarqua madame d’Aulnay.

— Et quelle est cette mission ? demanda une personne de la compagnie.

— Ils sont allés faire valoir nos intérêts et présenter l’expression de nos hommages à notre nouveau monarque.

  1. Oamm.