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XXVI.


Le carême passé, madame d’Aulnay crut qu’il n’était que juste de se dédommager un peu de la réclusion où elle avait vécu pendant ce temps de pénitence : elle résolut donc de donner une petite fête à ses amis, quoiqu’on fût déjà dans le mois de mars. La récente suspension des plaisirs semblait être un nouveau motif pour leur reprise, et peut-être le seul cœur triste chez madame d’Aulnay, ce soir-là, ne fut-il pas celui d’Antoinette, naguère si heureuse.

Oui, il y en avait un autre quelque peu en unisson avec le sien. Plus d’une fois, en effet, le colonel Evelyn blâma secrètement sa folie qui lui faisait rechercher des fêtes pour lesquelles il avait si peu de goût, et cela dans le seul but de tâcher de rencontrer Antoinette qui, de son côté, semblait faire si bien son possible pour l’éviter. Son cœur entretenait pourtant la vague espérance que l’obstacle qu’elle avait dit insurmontable ne l’était pas en réalité, et que quelque bonne fortune aplanirait bientôt les difficultés entr’eux.

Pendant la première partie de la soirée, il respecta son désir évident d’éviter toute rencontre avec lui ; mais durant un intermède de danse, l’ayant aperçue seule, il s’approcha d’elle et lia conversation sur un sujet général. Quoiqu’il cherchât à l’intéresser et à