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XXI.


Les excursionnistes arrivèrent à la modeste auberge du village où ils arrêtèrent pour goûter quelques rafraîchissements qu’ils avaient apportés. Antoinette, qui avait pris du froid en route, se tenait près du poêle en attendant le retour du colonel qui était allé lui préparer un verre de vin chaud. Elle fut brusquement abordée par le major Sternfield qui se mit devant elle et lui dit, avec ce regard sévère auquel elle était, hélas ! déjà habituée :

— Malgré le plaisir que tu as eu en profitant du dernier arrangement, je dois insister pour qu’on le change. Pour le retour, tu vas t’en venir avec moi, et avec aucun autre.

Et, sans attendre de réponse, il s’éloigna.

Le colonel Evelyn, qui revint avec les rafraîchissements qu’il s’était procurés, ne manqua pas de s’étonner de la taciturnité et de la préoccupation qui s’étaient emparé de sa jeune compagne.

Quelques instants après, madame d’Aulnay vint à eux et leur dit :

— Je viens changer des arrangements qui étaient agréables à chacun, et en proposer d’autres qui, je le crains bien, ne seront pas reçus avec autant de plaisir ; mais enfin, ma chère Antoinette, le major Sternfield