Page:Leprohon - Antoinette de Mirecourt ou Mariage secret et chagrins cachés, 1881.djvu/193

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


XX.


Heureusement pour la facile exécution des plans de madame d’Aulnay, le major Sternfield, retenu par un obstacle imprévu, arriva un peu tard. Lorsqu’il parut, monté sur son joli mais fantasque cutter, tous les excursionnistes étaient à leur place.

— L’heure est passée, Sternfield ! Qu’est-ce qui peut vous avoir retenu si longtemps aujourd’hui ? crièrent deux ou trois voix.

Mais il ne daigna pas répondre. Lorsqu’il aperçut Antoinette assise près du colonel Evelyn, le rouge de la colère lui monta au front ; mais surmontant son impatience, il s’approcha de madame d’Aulnay qui, enfoncée dans un amas de robes d’ours et la tête rejetée en arrière, laissait un sourire provoquant se promener sur ses traits.

— Dois-je vous remercier pour cet arrangement ? demanda-t-il un peu vivement et à voix basse. Est-ce vous qui m’avez condamné à me promener seul ?

— Il n’est pas nécessaire que vous vous promeniez seul, major Sternfield. Voilà là-bas le malheureux capitaine Assheton avec deux dames qui comblent son trop petit équipage. Allez le débarrasser d’un de ses charmants fardeaux.

— Fi donc ! répliqua-t-il avec un air de profonde