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XIX.


Elles trouvèrent les messieurs engagés dans une conversation politique animée qui avait, comme de raison, pour thème principal les griefs du Canada et les actes arbitraires du nouveau gouvernement. Par déférence pour madame d’Aulnay qui éprouvait la plus profonde aversion pour la politique, ils changèrent de sujet et donnèrent à la causerie une tournure générale.

La matinée du lendemain fut douce et agréable. Çà et là sur le ciel bleu on voyait se détacher quelques nuages blancs. Dans les cours des fermes les troupeaux, sortis de l’étable où ils avaient été confinés depuis quelques jours, tournaient d’un côté et de l’autre leurs regards étonnés ; de petits oiseaux blancs voltigeaient tout à l’entour et se reposaient de temps en temps sur les branches nues des arbres.

Ainsi qu’il avait été décidé la veille, M. et madame d’Aulnay partirent de bonne heure, emmenant Antoinette. Lucille, qui était d’une humeur des plus vives, égaya un peu la monotonie du voyage. Ils arrivèrent enfin à leur destination, et les chambres de madame d’Aulnay avec leurs feux pétillants leur parurent encore plus confortables, après la route qu’ils venaient de parcourir. L’odeur appétissante du dîner, qui fait