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ma lettre de suite. Il a probablement quelques lignes ou une longue lettre à te faire parvenir.

Ta dévouée, mais bien contrariée

Lucille. »

La lettre de Sternfield n’était pas de nature à calmer le trouble que venait de produire celle de Lucille. Le major accusait Antoinette de l’avoir oublié, déclarait énergiquement qu’il ne pourrait souffrir plus longtemps d’être exilé de sa présence, et terminait en disant qu’il tâcherait d’avoir assez de patience pendant quelques jours encore après lesquels elle devait absolument venir le voir chez madame d’Aulnay.

Ce fut en proie à une vive excitation qu’elle lut et relut ces lettres. N’y pouvant résister, elle se couvrit le visage de ses mains et éclata en sanglots.

— Oh ! Audley et Lucille ! soupira-t-elle, dans quel abîme de misères vous m’avez plongée !

Ces paroles pleines de tristesse et de désespoir qui tombaient de la bouche d’une jeune femme mariée à un homme qu’elle avait elle-même choisi, n’étaient pas, comme on pourrait le supposer, le résultat d’un moment de trouble ou d’inquiétude, mais bien plutôt le débordement d’un cœur surchargé de chagrins. Oui durant les quelques semaines qui venaient de s’écouler, loin de la société pleine de charmes de Sternfield et de l’influence pernicieuse de madame d’Aulnay, elle avait pu, dans la solitude de son cœur, jeter un coup