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pour qu’elle permît à qui que ce fût de l’étudier pendant cette lecture.

Arrivée dans sa chambre, elle en ferma la porte à clef et brisa l’enveloppe qui contenait, comme elle l’avait prévu, deux lettres, une du major Sternfield et l’autre de sa cousine. Nous nous permettrons de reproduire en entier celle de cette dernière qui peint au vif l’esprit et le caractère de madame d’Aulnay. Voici cette lettre :

« Ma chère Antoinette,

Pour l’amour du ciel ! fais l’impossible pour obtenir de ton père la permission de revenir immédiatement à Montréal. Audley ressemble à un parfait enragé. Il a entendu dire quelque part que le jeune Beauchesne est devenu le commençal du Manoir, qu’il te fait une cour assidue, et il en conclut que tu t’amuses à flirter avec Louis pendant que tu l’oublies entièrement, lui, ton mari. Il est venu ici hier soir, et dans un effroyable accès de colère il a déclaré que si tu persistais à rester à Valmont plus longtemps, il prendrait le parti d’aller te voir là, peu importe les conséquences que cette démarche pourrait avoir. Jusqu’ici j’ai pu, comme tu m’en avais instamment priée, l’empêcher d’agir ainsi, mais je crains bien que sa patience et mon influence soient rendues à leurs dernières limites. Qui aurait pu penser qu’un homme aussi charmant deviendrait jamais tyran ! Et cepen-