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de barbares oppresseurs, tout ce que tu voudras ; mais enfin ce sont des hommes d’éducation, de bonnes manières, ett — pour dernier argument — ils sont ma seule ressource.

— Dans ce cas, dis-moi, je t’en prie, quand va commencer ce règne d’anarchie ? demanda M. d’Aulnay qui, sans être convaincu, avait pris le parti de se soumettre.

— Oh ? quant à cela, mon cher André, je suis certaine d’avoir ta pleine et entière approbation. Cette bonne vieille fête de la Sainte Catherine, que nos ancêtres célébraient si joyeusement, est l’époque que j’ai choisie pour ouvrir de nouveau nos portes à la vie et à la gaieté…

— Et, je le crains bien, pour les fermer à la paix et à la tranquillité. Mais, au moins, connais-tu quelques-uns de ces messieurs désormais appelés à fréquenter nos salons et à prendre part à nos dîners ?

— Sans doute. Le Major Sternfield s’est fait présenter ici hier par le jeune Foucher, lequel aurait été difficilement admis dans mon salon ; mais, hélas ! le cercle de nos relations est devenu si restreint, que nous ne pouvons plus nous montrer aussi exclusifs.

— Est-ce que ce flammant que j’ai entrevu dans le corridor était le Major Sternfield ? demanda M. d’Aulnay, poussé à bout.

— Flammant ! répéta sa femme avec un peu de pétulance, c’est une épithète qu’il ne mérite pas du