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pendant quelque temps au sujet de son mariage, convaincu que ce serait le meilleur moyen d’en amener la réalisation.

Il n’aurait certainement pas été aussi confiant dans la justesse de cette théorie, s’il eut pu seulement entendre la conversation qui se tenait à quelques pas plus loin, et au cours de laquelle, en réponse à l’aveu que venait de lui faire Antoinette de son amour pour le major Sternfield, Louis renonçait pour toujours à l’espérance d’obtenir sa main et lui promettait en même temps, avec cette générosité naturelle qui formait le trait saillant de son caractère, de faire tout son possible pour l’aider et la favoriser.

Malgré l’état affreux des chemins, M. de Mirecourt partit le lendemain matin, et après son départ, Antoinette, pour se soustraire aux idées qui la harassaient, prit sa broderie ; ses doigts se mirent à fonctionner avec autant de rapidité que si son esprit n’eut pas eu d’autre préoccupation plus grave que celle de former sur le canevas des lys et des roses. Penchée sur son ouvrage, l’esprit aussi occupé que ses doigts, elle n’entendit pas la domestique lui annoncer un monsieur, et ce ne fut que lorsqu’elle se trouva dans les bras de Sternfield qu’elle s’aperçut de sa présence.

Surprise et saisie, elle se dégagea brusquement, et, les joues rouges :

— Pourquoi faites-vous cela, Audley ? demanda-t-elle.

— Pourquoi je n’embrasserais pas ma femme ! répé-