cou de son père — pardonnez-moi si je vous dis que je ne puis épouser Louis. Je ferai, à part cela, tout ce que vous voudrez, je retournerai dès demain à la campagne pour y vivre cloîtrée, si vous l’exigez…
— Bah ! assez de ces folies, interrompit M. de Mirecourt en se débarrassant doucement de l’étreinte où le tenait sa fille. J’ai passé par-dessus la lettre singulière, je devrais plutôt dire rebelle, que tu m’as envoyée la semaine dernière et dans laquelle tu me disais que tu ne pouvais te rendre à mes désirs, que tu ne voulais pas suivre mes volontés ; mais… Antoinette, mon enfant… n’éprouve pas trop ma patience.
Il s’établit alors un silence. Deux fois la jeune fille ouvrit la bouche, comme si elle avait à parler ; deux fois elle dirigea sur madame d’Aulnay un regard suppliant, l’implorant par cette muette attitude d’entrer dans les terribles explications.
— Eh ! bien, est-ce entendu ? demanda gaiement M. de Mirecourt, se méprenant sur le silence qui venait de suivre sa menace.
— Je crains bien que non, cher oncle. — Et la jolie main de Lucille se posa de nouveau sur son épaule. — Il peut y avoir un obstacle invincible à cette union, un obstacle qui, probablement, ne put pas être surmonté.
Madame d’Aulnay n’avait pas calculé la portée que ces paroles pouvaient avoir et l’effet qu’elles produiraient : autrement, elle aurait hésité avant de les prononcer.