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cisément ce que m’avait prédit madame Gérard lorsque nous avons discuté ensemble l’opportunité d’accepter pour Antoinette l’invitation que tu lui avais faite de venir passer quelque temps avec toi.

— Mais, mon cher oncle, je vous sais trop bon, trop juste, pour forcer Antoinette d’unir son sort à celui d’un homme qu’elle n’aime pas !

— Elle aime Louis aussi bien que tu aimais M. d’Aulnay lorsque tu es devenue sa femme : et qui osera dire que vous ne faites pas bon ménage ?… Mais trêve de plaisanteries, ma détermination est inébranlable. J’ai donné à Antoinette carte blanche sur la conduite de la maison, sur les affaires d’argent et sur tous les autres détails domestiques, mais je prétends conserver mon contrôle sur ce point. Elle connaît Louis depuis très longtemps, elle l’a toujours traité avec une bonté pleine d’affection, et elle sait apprécier aussi bien que moi son caractère irréprochable. Sous tous les rapports Louis est un excellent parti, et je n’ai pas l’intention de sacrifier autant d’avantages réunis en faveur d’un romanesque caprice de petite fille… Ainsi, ma chère Antoinette, prépare-toi à revenir à la maison demain, ou bien, si je te laisse ici une semaine de plus, ce sera pour te permettre de choisir ton trousseau, car dans un mois de ce jour Louis Beauchesne sera mon gendre.

— Mais, cher, cher papa, — insista Antoinette avec des yeux larmoyants et en jetant ses bras autour du