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XIII.


Ouvrant la garde-robe d’Antoinette, elle en prit une robe de soie rose qu’elle apporta à la jeune fille.

— Tu es trop pâle, lui dit-elle, pour porter du blanc ce soir ; d’ailleurs, comme nous devons être à peu près seuls, cela pourrait exciter la curiosité des domestiques. Cette couleur animée donnera, en outre, à ton teint la vivacité qui lui manque aussi complètement.

Sous les doigts habiles de madame d’Aulnay, la toilette se fit rapidement ; mais cette promptitude n’empêcha pas que le résultat aurait pu être plus heureux si on y avait employé plus de temps. Le major Sternfield avait une fiancée réellement belle.

— Descendons maintenant au salon, petite nerveuse, dit Lucille à sa cousine. Tu dois t’y asseoir tranquillement pendant au moins une demi-heure avant qu’ils arrivent, car j’entends les battements de ton cœur aussi distinctement que les mouvements de cette horloge.

Rendues au salon, Lucille prit un soin tout particulier de ne laisser à Antoinette aucun moment de réflexion. Elle passa d’un sujet à l’autre avec une volubilité, une rapidité bien au-dessus des forces de l’esprit accablé de sa jeune compagne. Une fois cependant, peut-être de lassitude, elle s’arrêta, et il s’en suivit un long silence. Antoinette tenait ses yeux fixement attachés sur le sol, et à la faveur de la lampe qui pro-