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sensée ? Ton consentement accordé ! ta promesse donnée ! ton fiancé et le ministre qui sont déjà en route !…

— Et mon père ! Lucille, mon père ! interrompit la malheureuse jeune fille dont la pâleur était devenue mortelle.

— Ne me parles pas de ton père ! répliqua vivement madame d’Aulnay dont l’impatience avait dégénéré en colère. Le mal, si mal il y a, sera entièrement son fait. Car quel droit a-t-il de te donner à Louis Beauchesne, comme si tu étais une propriété dont il voudrait se débarrasser. Décide maintenant, et pour toujours, entre le mari qu’il te destine et celui que ton cœur chérit ; oui, choisis entre Louis Beauchesne et Audley Sternfield !… Mais je perds du temps en paroles inutiles, ma cousine, continua-t-elle en adoucissant sa voix. Ton choix est déjà fait, quoique ton cœur opiniâtre se refuse à l’avouer. Je vois que je vais être obligée de faire ta toilette ; j’en rends grâces au ciel, car je suis déterminée à ce qu’Audley soit fier de toi.