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vant vous pour vous exprimer mes remerciements et ma gratitude sans bornes.

Le beau militaire paraissait réellement sincère. Aussi, sentant ses craintes complètement calmées, Lucille lui répondit, en souriant avec bonté :

— Assez, major Sternfield ; je crois en votre sincérité. Et maintenant, puisque cette cérémonie solennelle doit véritablement avoir lieu ici ce soir, permettez que je vous donne congé, car j’ai beaucoup à faire.

Le jeune homme porta à ses lèvres la jolie main qui lui était présentée, sans rencontrer aucune résistance de la part de la coquette Lucille qui était également fière de ses jolis doigts et de ses bagues et qui ne tenait pas le moins du monde à les cacher.

Dès qu’il fut parti, madame d’Aulnay se mit en frais d’entrer en besogne. Elle ne chercha pas de suite à voir Antoinette, l’état dans lequel elle l’avait trouvée en entrant lui faisant croire avec raison que ce serait un moment mal choisi pour la conversation. Elle se rendit donc dans sa chambre à elle, sonna Jeanne, et s’enferma avec elle pendant une demi-heure pour lui donner des instructions concernant les détails du ménage. De là, elle alla trouver M. d’Aulnay et passa une autre demi-heure avec lui ; elle se contenta de lui dire qu’Antoinette et elle attendaient, pour le soir une couple d’amis qui devaient venir passer la veillée avec elles, sachant bien que cette seule déclaration suffirait pour tenir son mari dans la Bibliothèque. Déjà le