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NOTICE SUR MADAME LEPRINCE DE BEAUMONT

ses contes ont un tour original plein de charmes, et ont fourni le sujet de plusieurs de nos comédies ; sa morale est attachante et douce. Seulement ce livre, écrit dans un siècle bien antérieur au nôtre, se trouve naturellement avoir vieilli. J’avais remarqué des expressions peu heureuses, et surtout point analogues au ton de la bonne société d’aujourd’hui, ainsi que des idées fausses, que j’ai élaguées. L’éducation, qui corrige tout, a corrigé les mères comme les enfants ; et il y a si peu de mauvaises mères, si peu, qu’on a tort de montrer à de jeunes imaginations, qui ne peuvent pas encore comprendre les exceptions malheureuses, qu’il peut en exister quelques-unes. Puis j’ai mis mon action en France, au lieu de la faire passer en Angleterre ; j’ai changé en noms français les noms anglais, et j’ai ajouté à la fin deux contes de fées de ma composition, capricieuses fantaisies de mon esprit, ordinairement tout historique et vrai.

Madame Marie Leprince, née à Rouen, le 26 avril 1711, épousa un M. de Beaumont qui ne la rendit pas heureuse ; puis, après avoir consacré dix-sept années de sa vie, à Londres, à l’éducation de jeunes ladys, elle se maria en secondes noces à M. Thomas Pichon. Devenue mère de six enfants, elle sentit le besoin de se consacrer à eux. Elle acheta, en 1768, du fruit de ses économies, la petite terre de Chavanod, dans les environs d’Anneci, en Savoie, où elle se retira avec son mari et ses enfants. Elle y composa encore quelques ouvrages sur l’éducation, et y mourut, en 1780, à l’âge de soixante-dix-neuf ans.

Eugénie FOA.