cela, elle se mit à rire, parce qu’elle était très-vieille, et que ce n’est pas la coutume que les vieilles femmes aient des enfants. Les anges dirent à Sara : « Pourquoi riez-vous ? Dieu n’est-il pas le maître de vous donner un fils, lui qui est le tout-puissant ? » Sara, toute honteuse, dit qu’elle n’avait pas ri. « Ah ! que cela est vilain de mentir, dirent les anges ; demandez pardon à Dieu de cette mauvaise action. » Les anges partirent ; et quelque temps après, Sara eut un fils qu’elle nomma Isaac.
Bien, ma bonne amie. Allons, Sophie, faites quelques réflexions.
Je répéterai à ces demoiselles les réflexions que vous m’avez faites, quand vous m’avez appris cette histoire. Abraham était un homme bien charitable, puisqu’il ne laissait passer aucun voyageur sans le prier d’entrer chez lui pour se reposer ; et Sara était bien modeste, puisqu’elle se tenait cachée dans tente, sans se montrer curieuse de voir ces étrangers.
Mademoiselle, est-ce qu’Abraham n’avait point de maison, que Sara restait dans une tente ?
Non, ma chère, Abraham n’avait point de maison, quoiqu’il fût un grand seigneur, qui avait plus de domestiques que le roi. Aujourd’hui les personnes riches ont de grandes terres, de belles maisons, de l’argent ; mais, dans ce temps-là, pour être riche, il fallait avoir beaucoup de troupeaux. Abraham en avait une grande quantité, et il lui fallait beaucoup d’herbe pour les nourrir ; ainsi, quand ses troupeaux avaient mangé toute l’herbe d’un endroit, on les menait dans un autre. Vous voyez bien qu’il ne devait pas avoir de maison, on n’aurait pas pu l’emporter ; mais il avait des tentes qu’on démontait toutes les fois qu’il quittait un pays pour aller dans un autre.
Puisque Sara avait tant de domestiques, pourquoi son mari lui disait-il de faire du pain pour ces étrangers, comme si elle eût été une servante ?
