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PLAISIRS RUSTIQUES

écrit, dans un de ses moments de gaîté, au lendemain d’une excursion que nous avions faite dans les bouges de la Villette, l’Ami de la nature, chanson argotique réaliste, devançant le genre montmartrois, et je rappellerai que nous fîmes, en collaboration avec François Coppée, deux complaintes sur l’air de Fualdès, l’une, lors de l’attentat de Berézowsski, au Bois de Boulogne, sur l’empereur de Russie, et l’autre, à propos d’un crime retentissant, l’affaire d’empoisonnement Frigard, à Fontainebleau. Verlaine a, de plus, publié divers triolets et quatrains satiriques, comme l’épigramme sur la photographie représentant Alexandre Dumas, en manches de chemises, tenant Miss Ada Menken, la belle écuyère des Pirates de la Savane, sur ses genoux, dans une pose très suggestive :


L’Oncle Tom avec Miss Ada,
C’est un spectacle dont on rêve.
Quel photographe fou souda
L’Oncle Tom avec Miss Ada ?
Ada peut rester à dada,
Mais Tom chevauche-t-il sans trêve ?
L’Oncle Tom avec Miss Ada
C’est un spectacle dont on rêve !


Verlaine aimait par moments la grosse farce, et, quelque temps avant la guerre, après avoir ciselé les vers délicatement ouvragés des Fêtes galantes, enthousiasmé par un vaudeville idiot représenté à la Gaîté-Rochechouart, qui s’appelait la Famille Beautrouillard, il voulut se mettre, avec son ami Viotti, à une farce analogue qu’il intitulait Veaucochard et fils Ier.

Il m’écrivait (la date manque ; je suppose, à raison de la mention des Fêtes galantes parues, que cette lettre est de la fin de l’année 1869).