Page:Lepelletier - Paul Verlaine, 1907.djvu/72

Cette page a été validée par deux contributeurs.
62
PAUL VERLAINE

quelque peu irrégulière et intermittente. Nous pratiquions la théorie de Fourier sur le travail attrayant, et nous faisions bien nos devoirs de rhétorique, parce que la rhétorique nous plaisait.

Pour moi, comme pour Verlaine, les facultés étaient limitées : c’étaient le discours latin, la version latine, et surtout la dissertation française, qui seuls nous permettaient de compter parmi les élèves marquants. Mais, pour les sciences, et principalement pour la géométrie et la trigonométrie, nous étions absolument fermés. D’où, au bachot, de néfastes rouges pour l’examen oral scientifique.

Je me liai tout à fait avec Verlaine par suite d’un incident scolaire : une dissertation française qu’il imagina de remettre versifiée, et qui lui attira les sarcasmes de M. Deltour, en même temps que toute ma sympathie. J’attendis l’auteur de la pièce de vers à sa sortie du lycée et je le félicitai. Nous échangeâmes aussitôt nos derniers vers, fraîchement éclos, et, à la classe du soir, nous étions devenus tout à fait de vieux amis.

Dès lors, nos relations se poursuivirent par un commerce de livres prêtés, de vers recopiés communiqués, et de projets confiés. Nous nous soumettions nos élucubrations, et nous nous interrogions l’un l’autre sur leurs mérites.

Pour compléter ces détails sur la jeunesse lycéenne de Verlaine, je dois rappeler que le baccalauréat ès-lettres était assez difficile à obtenir, à cette époque (il y avait discours latin et version pour l’écrit), et que Verlaine fut reçu d’emblée, en sortant du lycée, c’est-à-dire avec la seule préparation universitaire, tandis que moi, je crus prudent de me munir de deux mois de répétitions spéciales, avec l’excellent professeur M. Herbault, mort il y