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PAUL VERLAINE

ternes libres, d’externes surveillés, et d’élèves des institutions de la rive droite, suivant les cours. Nous n’avions guère d’occasions de nous fréquenter avec ces derniers, et cependant la littérature nous fit, Verlaine et moi, rechercher les occasions de communiquer et de causer.

Le professeur de seconde était alors M. Perrens, universitaire distingué, auteur d’une Histoire de Savonarole, et d’un travail consciencieux sur l’Italie moderne, ainsi que d’une défense d’Étienne Marcel, le grand prévôt des marchands du xive siècle.

Verlaine a dit de lui : « M. Perrens me détestait, et me déteste encore ! » Il a dû s’exagérer l’hostilité professorale. Nos professeurs étaient de majestueux personnages très indifférents à la conduite et à l’application de la plupart de leurs élèves. Ils faisaient leur classe la toque en tête, et revêtus de la toge magistrale, sur laquelle quelques-uns portaient brodées des palmes violettes, distinction alors purement universitaire. Ils ne s’abaissaient que rarement à surveiller leurs élèves, pendant le cours. Ils s’occupaient presque exclusivement d’une dizaine d’écoliers, plus studieux ou plus âgés, la plupart étant préparés par des répétitions particulières, et qui figuraient régulièrement au tableau d’honneur.

De ceux-là les devoirs étaient lus, les compositions soigneusement examinées, et c’étaient presque les seuls qui fussent interrogés. Les écoliers indépendants, les cancres, comme on les appelait, pouvaient lire romans, journaux, livraisons, en cachette, pendant la classe, ou, comme nous le faisions Verlaine et moi, il leur était loisible de crayonner des vers ou de dessiner des bonshommes en marge des cahiers, sans risquer d’être interrompus ou réprimandés.