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la mort du poète, les membres du comité ayant à leur tête M. Léon Dierx, vice-président, et les amis de l’auteur de Sagesse se sont rendus, le dimanche 13 janvier 1907, à la place Paul-Verlaine, dans le XIIIe arrondissement. Des allocutions ont été prononcées par MM. Louis Dumoulin et Edmond Lepelletier.

Victor Hugo n’a obtenu les honneurs du monument que plusieurs années après sa mort. Il a attendu quinze ans. Alfred de Musset vient seulement d’être statufié, en triple exemplaire, il est vrai. Il n’y a donc pas lieu de désespérer pour Paul Verlaine, mort il y a onze ans. La période décennale semble même bonne pour ces hommages publics. L’érection d’un buste ou d’une statue ne doit pas avoir le caractère d’une manifestation, née des passions ou des engouements du moment. Le recul des ans est favorable à la perspective d’une renommée.

Mais il ne faut pas que trop longuement se prolonge l’attente. Il est bien que les amis du mort soient encore là, et que ceux qui l’ont connu et aimé puissent le retrouver, drapé dans son immortalité, sur la place publique. C’est à eux, d’ailleurs, à agir assez vigoureusement pour stimuler les bonnes volontés, réagir contre les inerties, et aboutir à une cérémonie d’inauguration.

En attendant ce jour, et j’espère qu’il ne sera pas trop éloigné, j’ai élevé à la mémoire et à la gloire de mon cher Paul Verlaine cet hommage imprimé, que je ne me permettrai pas de qualifier de monument. Ce livre, exact, impartial et sincère, ne saurait que signaler et expliquer la statue de Paul Verlaine, qui, pour l’honneur même de la littérature de France, doit être élevée à Paris, l’auteur patriote de l’Ode à Metz ne pouvant avoir sa statue, comme c’est l’usage, dans sa ville natale.

Bougival, février 1907.