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facilité par la brocante de quelques autographes et de rares papiers du poète, mis de côté par elle, notamment un fragment de Louis XVII, la mena rapidement au tombeau.

J’accourus, dès la fatale nouvelle apprise, rue Descartes, no 39, où je trouvai mon vieil ami dans l’immobilité reposante du dernier sommeil. Profondément attristé, j’imprimai sur son front glacé le suprême adieu.

Le logis était pauvre, mais propre : une petite pièce claire, donnant sur la rue, avec le lit mortuaire. Au fond, un réduit servant de salle à manger, et un débarras attenant par un couloir obscur.

Avec quelques amis du poète, je me suis occupé des obsèques. Après avoir pris avec la maison Borniol les dernières dispositions pour le convoi, nous nous sommes aussi entendus avec le curé de Saint-Étienne-du-Mont pour le service religieux. M. Léon Vanier l’avait déjà commandé, mais il parut insuffisant, étant donnés, d’une part, les sentiments religieux du défunt, et aussi l’affluence considérable qui devait se rendre aux funérailles.

Le registre, déposé dans l’humble loge du concierge de la rue Descartes, se couvrait, en effet, de signatures appartenant à des hommes de tous les mondes, depuis la haute aristocratie littéraire jusqu’aux humbles ouvriers manuels, que Verlaine avait pu connaître dans la Cour Moreau, ou qui avaient été ses camarades d’hôpitaux.

Disons ici, pour en finir avec une légende, que M. Léon Vanier n’a nullement réglé les funérailles de Verlaine, ainsi qu’on l’a souvent prétendu. Elles furent soldées par une somme de 500 francs, remise, au nom du Ministère de l’Instruction publique et des Beaux-