moyen de t’assurer quelque chose de fixe après ma mort. Ma chérie ! oui, va, ce sont toujours là mes idées ! Je n’aime que toi, et combien !…
La lettre se terminait ainsi :
Tes volontés sont les miennes ; je sais trop ce qu’il m’en a coûté de ne pas t’obéir ; tu as toujours raison… À bientôt, chère femme, je t’embrasse et t’aime de tout mon cœur ! (Verlaine intime. — Charles Donos, page 235.)
Cette femme le trompait avec tranquillité. Elle fut d’ailleurs dénoncée par sa rivale, Philomène Boudin. D’où crépage sérieux de ces peu opulents chignons.
Quand il sortait des hôpitaux, où sa maladie et aussi la misère le ramenaient, Paul retrouvait tantôt Philomène et tantôt Eugénie. Philomène avait un défaut pour lui : elle était mariée ; tandis que l’autre femme était libre. Par conséquent, la Krantz pouvait plus facilement se poster à la sortie, et s’emparer du poète muni de fonds. Philomène était toujours mal lotie. Elle ne se plaignait jamais. Pourvu que Paul eût la poche assez garnie pour payer un modeste dîner, accompagné de libations apéritives et digestives, parmi les débits du quartier, elle se montrait contente et redoublait d’amabilités.
Il eut des alternatives de querelles et de raccommodements avec Eugénie Krantz, mais, sentant peut-être que sa fin était prochaine, il ne voulut pas, dans son dernier accès de rhumatisme, retourner à l’hôpital. Il résolut de se faire soigner à domicile, et, comme il avait encore quelques sous, il engagea Eugénie à prendre une bonne. Il éviterait ainsi l’assistance hospitalière, qui maintenant l’effrayait.
Verlaine, malgré son existence vagabonde, ses allures de bohême, avait conservé le respect du décorum bourgeois, et l’hôpital, très supportable, agréable même à ses