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rences qui eurent un certain succès. La curiosité y fut pour quelque chose, et aussi la préparation habile dont ses séances étaient accompagnées. Verlaine était fort médiocre orateur. Il l’a reconnu lui-même, en racontant sa tournée conférencière. Il lisait, ce qui est toujours fâcheux, et d’une voix faible et enrouée. Il fut cependant, grâce à d’excellents et enthousiastes amis, fort bien reçu en Belgique et en Hollande. Il rapporta quelques billets de banque de cette excursion artistique. Cette aubaine fut plutôt funeste pour sa santé, pour sa production. Des bombances et des attendrissements de la part de ses compagnes, intraitables quand les toiles se touchaient aux poches du poète, furent la suite de la fructueuse tournée aux Pays-Bas.

On a donné des détails anecdotiques et indiscrets sur les maîtresses notoires de Verlaine, toutes vulgaires, illettrées, appartenant à la basse galanterie du Quartier, voilà pour le moral ; en outre, elles étaient peu avantagées sous le rapport physique. Faisant une concession à Musset, qu’il avait pilorié jadis, il se contentait d’obtenir l’ivresse sans trop exiger du flacon. Et puis, Verlaine n’était pas difficile en fait de femmes. Il en avait si peu connu ! Ce ne fut qu’après la quarantaine qu’il eut des liaisons suivies, qu’il s’attacha. Il fallait aussi une certaine aptitude, chez ces demoiselles de compagnie aventureuse, pour s’accommoder aux caprices, aux lubies, aux irritations, et aux violences même du poète, lorsqu’il subissait l’influence néfaste de l’alcool.

Une de ces commères, nommée Philomène, paraît lui avoir été plutôt aimable, douce et sororale. Volage et ingrat, le poète l’avait quittée pour une Ardennaise massive, mafflue, taillée à coups de hache dans un billot de bois rude, paysanne mal dégrossie, aux doigts saucisson-