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Mon cher Edmond,

Je te remercie de tout cœur de ton article d’y a trois jours. Il m’a ravi et il m’a touché. Mille et mille poignées de main bien sincères et bien émues, je t’assure.

Certainement, oui, je serais heureux de te voir, j’y suis toujours, ne sortant pas encore de la chambre. Mais ce serait plutôt pour dans la journée. Le matin, c’est encombré, le soir, je me couche comme les poules.

Tu recevras un livre de M. de Montesquiou, un ami tout dévoué et tout bienveillant pour moi, et à qui tu feras bien plaisir, ainsi qu’à moi, en parlant de son livre le Parcours du Rêve au Souvenir, — ainsi qu’il le mérite, — dans un de tes prochains articles.

À bientôt donc, mon cher ami, et tout à toi.

P. Verlaine.
16, rue Saint-Victor.


Je fis, bien entendu, l’article demandé sur M. de Montesquiou, qui, avec Maurice Barrès et quelques autres de nos amis, a aidé souvent de sa bourse le poète devenu besogneux.

Plusieurs articles documentés, dans des journaux et des revues, ont paru, un volume même (Verlaine intime), fournissant toutes notions sur ces dernières années du poète. Les liaisons féminines de cette période ont été racontées, avec force anecdotes, par des amis de la dernière heure. Tout en ayant conservé jusqu’au bout les meilleures relations avec Verlaine, je le vis moins durant ces ultimes années. Très occupé, je ne pouvais le suivre dans ses interminables déambulations à travers les cafés et caboulots du boul’Mich’ et de la rue de Vaugirard. J’allai, pourtant, de temps en temps, lui « rendre visite » au François Ier, au café Rouge, au « Mürger ». Il venait assez fréquemment me voir, vers l’heure de l’apéritif, dans les environs des bureaux de rédaction où je me trouvais retenu. Je lui facilitai l’insertion de quelques articles. Sa