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En septembre 1887, une nouvelle sortie, puis visite rapide aux cafés familiers, rechute, et rentrée à Broussais.

Je lui avais offert à maintes reprises de venir passer quelques semaines chez moi, à Bougival, où il aurait été dans de bonnes conditions pour lire, travailler et se soigner, avec certaines précautions par moi prises pour éviter des visites trop assidues aux cabarets de la contrée ; il avait toujours retardé cette villégiature, tout en reconnaissant qu’elle lui serait utile et bonne.

Lors de sa troisième rechute, sur ma nouvelle insistance, il me répondit ces mots :


Mardi, 27 septembre 1887.
Cher ami,

Je ne reviens sur ma dernière lettre que pour te dire que j’ai fini par rentrer à l’hospice. Mon domicile actuel est donc : M. Verlaine, Hôpital Broussais, salle Follin, lit 22, rue Didot, Paris.

Tout le reste de ma lettre est d’un vrai absolu : Misère — Infirmité — Espoir.

On me traite ici sceptiquement. Peut-être essaiera-t-on de me plier la jambe, en m’endormant. Ce, dans 15 jours. Ça me fait 15 jours à peu près bons. J’avoue que j’aimerais mieux sortir. — Peux-tu d’ici là me procurer quelque asile et du pain ? J’aurai quelques sous. — Peux-tu, ou toi ou quelqu’un que tu connaîtrais plutôt, m’avancer une centaine de francs, remboursables au 16 novembre prochain, pour sûr ?

À la netteté de mes demandes veuille répondre nettement. Amis toujours. On aura tout courage puisqu’il le faut. D’ailleurs j’ai grand espoir en l’avenir tout proche. Et je suis susceptible d’un grand effort.

Réponds tout de suite, veux-tu ?

Ton ami bien affectionné.

P. Verlaine.

Le « Mot » a-t-il publié « celui » de rectification promis ?