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Vanier, mais pas le journal. Je me le procurerai, ou, si tu as le temps envoies en un à Vanier. Je ne loge plus cour Saint-François depuis avril dernier. Merci d’avance des choses dites sur ces Romances sans paroles, qui ont eu cette étrange fortune de paraître quand j’étais où tu sais, et de reparaître, 13 ans après, me trouvant ici. Habent sua fata, etc. L’édition de Sens était d’ailleurs complètement épuisée, comme l’étaient les Fêtes galantes (as-tu reçu un exemplaire de la nouvelle édition, au moins ?) et le sont les Poèmes Saturniens, et cette Bonne Chanson qui rehabent sua fata relibelli). Car, ô dérision ! j’ai du succès comme poète, de la « gloire », même, mais je puis dire avec beaucoup plus d’à-propos que Lamartine ruiné :

« Plus j’ai pressé ce fruit, plus je l’ai trouvé vide. »

Oui, mon cher Edmond, « my circumstances » sont plus déplorables que jamais. Et voici mon budget :

Pas un sou ! Le très peu d’argent que peut encore me devoir Vanier consiste en quelques pièces de cent sous. Je n’attends que pour le 15 novembre prochain 900 francs, d’un notaire absolument récalcitrant à quelque avance que ce soit. — Je parle d’expérience. Tu le vois, cher ami, la situation est bien nette. Mourir de faim ou trouver quelque chose le plus tôt possible, n’importe quoi, d’abord ou ensuite. Telles, les cornes du dilemme.

D’idée, je n’en ai pas. Je puis donner des leçons d’anglais et d’autre choses, avec diplôme et références, — légalisées et verbales, — à l’appui, mais à qui, et chez qui ? Tu sais à quoi sont utiles les annonces dans les journaux ! Ce ne serait que par connaissances que j’obtiendrais quelque chose. Si tu connais, par ci, par là, quelqu’un qui pût m’offrir cela, dis.

On m’offre (Mendès), ou plutôt on me promet des collaborations à des journaux. Peut-être un secours du Ministère de l’Instruction publique. Ceci est un secret ! — mais pour le moment je n’ai rien dans ma poche, et quelle idée concevoir avec cela pour tout potage ?

Je te suis bien reconnaissant de tes bonnes démarches. Veuille les poursuivre activement. Je saurai répondre à la réussite de tes efforts amicaux. Autant que me le permettent tous ces tracas, je travaille, — en outre de vers qu’il m’est absolument impossible de ne pas faire de temps en temps, c’est