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d’une première atteinte d’arthritisme, la maladie de son père.

Une nouvelle attaque le fit rentrer à l’hôpital, et il m’écrivait le 13 décembre la lettre suivante :


Le 13 décembre 1886.
Mon cher Edmond,

J’ai reçu, hier seulement 12 décembre, ta lettre du 25 novembre. Je m’empresse de répondre aux questions que tu m’y adresses.

Je suis depuis six semaines à l’hôpital Broussais, salle Follin, lit 6. Rue Didot, 96, 14e arr. (public admis jeudis et dimanches de 1 heure à 3). On m’y soigne d’une ankylose au genou gauche, qui a succédé à mon rhumatisme de l’hiver dernier.

Déjà j’avais passé les mois de juillet, d’août, de septembre, à l’hôpital Tenon, pour des bobos aux jambes, suite également dudit rhumatisme. Mon domicile en ville est toujours le même, 5, rue Moreau, 6, cour Saint-François, 12e arr. Mais jusqu’à nouvel ordre m’écrire ou me visiter à Broussais.

Voilà pour ma santé.

Mes affaires avec mon ex-femme légale se sont arrangées, naturellement sur mon dos, c’est-à-dire qu’après avoir payé mes dettes, celles de ma mère (dettes, les miennes et les siennes, de table et de logement depuis cinq ou six mois), et jusqu’aux frais de sa sépulture à Batignolles, il me serait à peine resté de quoi vivre pendant quelques jours, si je n’avais hérité de ma tante Rose, morte en février, un billet de 2400 francs, dont les trois-quarts ont filé également en nourriture, remèdes et logement. Telle est ma situation pécuniaire.

Ma femme, ou ex-femme, sur une demande officieuse de moi de voir mon fils, m’a fait répondre non. J’ai appris tout récemment qu’elle s’était remariée, en novembre dernier. Je pense que j’ai quelques droits à voir mon fils et à m’occuper de lui. Il a quinze ans passés. Il est à Rollin, externe. On lui a parlé de moi en bien, et il se rappelle très bien mes visites d’il y a quelques années. Que me conseilles-tu ?