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Nous n’avons plus, à l’heure où tombera la nuit,
Abjurant tout visible espoir de funérailles,
Qu’à nous laisser mourir obscurément, sans bruit,
Comme il sied aux vaincus des suprêmes batailles…


À côté de ce requiem farouche, de ce lamento désespéré, que termine un espoir sanglant, une vision terrible de justice sans pitié et de vengeance sans frein, rugit cet appel aux revanches futures, qui doit faire trembler les vainqueurs devant les vaincus :


· · · · · · · · · · · · Si vous nous promîtes
D’être épargnés par nous, vous vous trompâtes fort.

Vous mourrez de nos mains, sachez-le, si la chance
Est pour nous. Vous mourrez, suppliants, de nos mains.
Et nous rirons sans rien qui trouble notre joie,
Car les morts sont bien morts, et nous vous l’apprendrons.


Voici un calme et discret élan vers la paix, vers le mystère, vers l’anéantissement de l’être dans la sensation de la solitude à deux :


Donne la main, retiens ton souffle, asseyons-nous
Sous cet arbre géant, où vient mourir la brise
En soupirs inégaux, sous la ramure grise
Que caresse le clair de lune blême et doux…

Ne pensons pas, rêvons !…
… Restons silencieux parmi la paix nocturne :
Il n’est pas bon d’aller troubler dans son sommeil
La nature, ce chien féroce et taciturne…


On peut dire que, dans Jadis et Naguère, sonnent, vibrent, grondent, soupirent, murmurent, menacent et chantent les sept cordes de la lyre. Ce n’est pas le volume le plus parfait de Verlaine, et beaucoup des pièces qui le composent furent d’abord par lui sévèrement extraites des manuscrits définitifs. Elles ne figurèrent