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La maison existe toujours à Coulommes. Elle est restée la propriété de Mme Rigot-Oudin, veuve dudit acquéreur.

Procès perdus, vente à perte de l’immeuble, dépens de l’instance correctionnelle et amende (500 fr.), dépenses personnelles relativement considérables, voyages assez inutiles et coûteux à Paris, tout cela représentait une forte diminution du patrimoine, déjà écorné, de Paul Verlaine, et de ce qui restait à sa mère de sa dot et de sa fortune personnelle.

Verlaine revint donc à Paris, plus pauvre qu’il n’en était parti. Il dit adieu aux gens de Coulommes et à tous les gens de la Terre. Assez drôlement il prend congé d’eux : « Ils m’ont plumé, dit-il, mais ils m’ont laissé ma plume. »

Il allait donc, et pour toujours, redevenir citadin. Il renonçait au grand air salubre des champs, qui pour lui n’avait pas été curatif. Il voulait se remettre à l’écriture et vivre de son papier noirci. Louable résolution. Malheureusement il emportait du sillon autre chose que de la santé. Les excès alcooliques champêtres l’avaient prédisposé aux abus des boissons urbaines. Il était à peu près ruiné ; sa mère, appauvrie et attristée, le suivait, mais sans avoir, Antigone délabrée, les mêmes élans d’affection, les mêmes moyens de dévouement. De plus, l’arthritisme déjà envahissait Verlaine. Ses muscles s’atrophiaient, ses apophyses s’ankylosaient. Si son cerveau demeurait sain et vigoureux, sa force de travail, qui n’avait jamais été considérable, ni surtout régulière et assidue, diminuait. Son talent même n’allait pas tarder à subir une altération sensible. Encore quelques années de la vie bohème du quartier latin, et l’admirable veine poétique de la jeunesse et de la belle production de