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ratiocina, épilogua, hésita sur la route à prendre. Devait-il aller à Coulommes, demander pardon à sa mère, se jeter à ses pieds, l’embrasser ? C’était bien mélodramatique. Et puis il serait l’objet des risées, des railleries des gens de Coulommes ? Ensuite, où irait-il chercher sa mère ? Chez son ennemi, chez celui qui l’avait livré à la justice ? Il ne pouvait aller là. Et puis sa mère habitait-elle toujours Coulommes ? Elle lui avait écrit qu’elle comptait retourner à Paris sous peu. La vie champêtre avait, on le conçoit, perdu tout son charme. La mauvaise réputation de son fils, « un de Rais mâtiné de plusieurs Edgar Poe, qui auraient compliqué leur rhum et leur cas, d’absinthe et de Picon, tel moi dans l’imagination de passablement de mes voisins de campagne », a-t-il dit de lui-même, faisait une sorte de notoriété injurieuse, à elle, la pauvre mère impeccable. Depuis le jugement on la montrait au doigt. C’était la mère du condamné.

Et puis la situation financière était devenue grave. Des procès avaient été perdus. Le crédit était mort. De plus, Verlaine n’avait même plus la maison dont sa mère avait d’abord fait acquisition, dont elle lui avait, ensuite, fait donation.

Suivant acte passé devant Me  Chartier, notaire à Attigny, en date du 8 mars 1885, postérieurement, par conséquent, à la scène éternellement regrettable qui avait motivé l’intervention judiciaire et la poursuite correctionnelle, Verlaine, désireux sans doute de retourner à Paris, et de liquider son établissement à la campagne, avait vendu sa maison de Coulommes à un cultivateur du lieu, nommé Jules Rigot, moyennant 2.200 fr. La maison avait été acquise comptant, deux ans auparavant, moyennant 3.500.