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toute l’inconduite de son fils aux fréquentations mauvaises de Coulommes et aux excès alcooliques.

J’ignore la plaidoirie, de Me Boileau. Je suppose qu’elle fut bonne et adroite, car en somme l’avocat a obtenu presque un acquittement. Mais ce défenseur n’a pu plaider à fond, et comme il convenait, la cause de ce poète névrosé en butte aux médisances et aux sournoises méchancetés des villageois. Il ne pouvait ni connaître ni faire connaître Verlaine aux magistrats ardennais. Ceux-ci ont jugé l’auteur de Sagesse comme un vulgaire ivrogne, qui se bat avec ses parents pour des questions d’intérêts, un soir où la station au cabaret s’est prolongée. Ces querelles-là sont fréquentes au village ; elles sont rarement portées au tribunal correctionnel, tout au plus va-t-on parfois s’expliquer devant le juge de paix, à la simple police.

Ce qui a amené la condamnation de Paul Verlaine par les juges de Vouziers, ce fut surtout l’hostilité témoignée contre lui par les témoins du crû. Il les avait indisposés, choqués, irrités par ses allures, qui n’étaient pas ordinaires, il faut en convenir. Il ne buvait pas comme les autres. Ses saouleries avait un caractère exubérant, tapageur et provocateur, qui déroutait les pochards habituels de la localité. Il tenait, entre deux lampées, des propos inconsidérés, parfois incompréhensibles pour des oreilles paysannes, d’autant plus graves et imputés à crime. Ces campagnards, pas plus mauvais que d’autres, ne pouvaient sympathiser avec ce poète aux façons bizarres, qui, de plus, s’était mêlé de choses de culture auxquelles il n’entendait rien. Qu’était-il venu faire à Coulommes, ce vilain monsieur de Paris ? Il n’avait qu’à rester avec ces Parisiens, qui font tant les malins, et qui sont trop polis pour être honnêtes ! Vague-